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à un pareil brigandage. D’autres journalistes, vraiment dignes de ce titre, la soutiennent avec autant d’éclat et de lumières que de décence et de probité. Je crois devoir en particulier vous citer le Journal encyclopédique, et vous en conseiller la lecture : vous y trouverez à la fois la solidité des grands journaux et l’agrément des petites feuilles, sans y rencontrer cette bouffonnerie basse, ces mauvais jeux de mots, ces plates épigrammes, qui en caractérisent quelques autres.

Il est des gens qui voient leur réputation décroître à mesure qu’ils avancent dans cette carrière : j’ai tâché, au contraire — s’il m’est encore permis de parler de moi, — que mes dernières années de travail se ressentissent d’une plus longue expérience ; et, si l’on ne m’a point flatté, je dois croire que j’ai eu l’avantage de réunir des suffrages distingués ; j’ai même essuyé des reproches flatteurs sur mon projet de retraite, et peut-être plus d’un lecteur impartial regrettera-t-il de le voir effectué. C’est sortir avec assez d’avantage d’une entreprise plus périlleuse qu’honorable.

Paris, ce 31 décembre 1761.


Les chroniqueurs ne manquèrent pas de s’égayer sur cette retraite.

« 4 Janvier 1762. — M. l’abbé de La Porte, auteur de l’Observateur littéraire, succombe enfin, faute de débit. En vain comptait-il parmi ses souscripteurs les plus illustres personnages ; en vain M. de Voltaire l’avait-il encouragé par ses éloges et par sa correspondance : le libraire a déclaré ne pouvoir plus suffire aux frais de l’impression, et le journaliste discontinue, à commencer de cette année. On ne peut s’empêcher de convenir qu’il n’eût le talent de faire un extrait, surtout quand il est ques-