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dépendamment des cent louis dont elle augmentait ses ressources, très-modiques, le mettait dans une excellente position pour la réalisation des projets qui l’avaient amené à Londres. Ce n’est pas qu’il n’éprouvât quelque répugnance à reprendre le métier de journaliste ; mais, dit-il, « il me fut aisé d’apaiser mes scrupules par la pureté de mes intentions et la nature même du travail dont j’étais chargé. Appelé à écrire par un goût impérieux, et aussi par les circonstances, j’ai cru qu’un écrivain devait distinguer son siècle et la postérité, et qu’il fallait travailler pour l’une sans abjurer l’autre. Il y a vingt manières différentes d’influer sur son siècle, et d’être utile à ses semblables. On peut le faire en remplissant les papiers publics de ses opinions, en répandant, en multipliant les brochures utiles et qui parlent le langage du jour. Les livres profondément pensés et purement écrits vont seuls à la postérité. Pour elle il faut jeter en bronze et graver au burin ; pour son siècle on peut se contenter de plâtres et d’esquisses légères : ils suffisent aux besoins du jour. Tel était le raisonnement qui me fit adopter, comme tous les écrivains les plus distingués de cette époque, le travail des ouvrages périodiques et des journaux ; je travaillais, comme eux, pour influer sur les lecteurs du moment et non pour ma réputation, ni pour le siècle à venir… Je saisissais l’occasion de répandre les principes