Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/416

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il tirait de sa gazette, malgré l’énorme rétribution qu’il était obligé de payer à la trésorerie secrète de M. de Vergennes, il avait imaginé qu’il pourrait les doubler et les tripler en étendant son entreprise, en faisant réimprimer son Courrier pour la Hollande, les Pays-Bas, l’Allemagne. Et tout d’abord il avait résolu d’en gratifier l’Espagne. Ce royaume paraissait vouloir prendre une part active aux troubles de l’Amérique et à l’abaissement de cette puissance anglaise qui l’avait si cruellement humilié lors de la dernière paix. Mais l’Espagne était dans la plus profonde ignorance sur la situation de l’Angleterre ; lui procurer les connaissances qui lui manquaient, c’était donc lui rendre service, c’était mériter d’être accueilli par elle. Dans cette idée, il songea à faire traduire sa gazette en espagnol et à obtenir l’autorisation de la faire circuler en Espagne. L’autorisation lui fut accordée, et il rencontra bientôt le traducteur qu’il lui fallait. C’était un Espagnol plein d’esprit et de verve, nommé Sala Delunel qui écrivait aussi bien l’italien que sa langue maternelle, et qui pouvait être ainsi doublement utile au spéculateur de gazettes, s’il lui prenait fantaisie d’en faire en italien. Swinton était allé plus loin encore : il en était venu à penser que Delunel pourrait parfaitement remplir le poste de Brissot, ce qui lui procurerait une petite économie, et il le lui donna. Par exemple, il se garda bien de