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uns de ces beaux parleurs. Quoi ! point de lettres de cachet, point de Bastille ! C’est là que le peuple est roi, se disait-on. Puis on croyait avoir quelques idées de la constitution anglaise, parce qu’on avait lu les discours de rhétorique que le journaliste français prêtait souvent à ces personnages, ou fabriquait d’après les journalistes anglais, qui les fabriquaient les premiers.

Dans tout ceci, il n’y avait pas grand mal pour l’Angleterre ; mais ce qui lui en fit beaucoup, c’est que, par le récit plus ou moins exact des débats parlementaires, par les réflexions qui les accompagnaient ou qu’ils faisaient naître, on s’aperçut tout à coup de la faiblesse de l’administration, des divisions qui régnaient et parmi les hommes d’État et parmi les trois peuples ; c’est qu’il arriva souvent qu’on devina plusieurs mois d’avance les projets les plus importants des ministres, et qu’on en profita pour les renverser.

Lord Stormon, pendant son séjour à Paris, avait été témoin des succès du Courrier de l’Europe, des lumières qu’il répandait sur les affaires de son pays, et du tort qu’il faisait à ses intérêts. Rappelé en Angleterre par la déclaration inattendue du traité de commerce entre la France et les États-Unis, et par la guerre nouvelle qui allait en être la suite, il ne cessa de remontrer au Parlement, et surtout à son oncle, lord Mansfield, les funestes résultats de