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ment, et d’une manière peu convenable, des règles d’impartialité que leur prescrivaient leur état et leur devoir public, avaient offensé le gouvernement du roi de Prusse.


Le Courrier fut assez habile pour triompher de tous ces obstacles, et son succès ne fit que s’en accroître. Un jour arriva cependant où les craintes des souscripteurs français se réalisèrent. Au mois d’avril 1778, ils cessèrent tout à fait de le recevoir, à l’exception de quelques numéros qui arrivaient de temps à autre, par contrebande. Mais, cette fois, l’obstacle ne venait pas du ministère français ; c’est à Londres, on aura peine à le croire, que les envois étaient arrêtés.

Le ministère anglais avait été frappé de tout le mal que pouvait lui faire la publication du Courrier de l’Europe. La guerre continuait ses ravages au moment où la Gazette anglo-française commençait les siens ; on se l’arrachait de Paris à Saint-Pétersbourg ; elle compta bientôt des souscripteurs dans tous les coins de l’Europe. Par elle on apprenait à connaître Fox, Burke, North, dont on répétait les discours et dont on écorchait les noms. Et chacun admirait l’éloquence sublime, et jusqu’alors inconnue, de tous ces orateurs ; et chacun s’étonnait que le roi Georges se laissât si tranquillement insulter par eux, et ne logeât pas à la Tour quelques-