Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/408

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pide et grand ; en quelques mois le nombre des souscripteurs avait dépassé cinq mille, et Latour en tirait pour sa part plus de 25,000 livres.

Ce n’est pas que les persécutions lui aient jamais manqué. Quelques promesses, en effet, que le Courrier eût faites d’être sage, il lui arriva pourtant quelquefois de s’oublier, et c’était, à chaque saisie, une grande inquiétude pour ses souscripteurs et ses partisans. « L’abondance des matières qu’on y traite, lit-on dans les Mémoires secrets, lui procure nécessairement beaucoup plus de lecteurs qu’aux autres gazettes, d’autant que l’on s’y permet de fréquents écarts et une liberté infiniment plus grande qu’ailleurs ; mais aussi il en résulte une frayeur continuelle de le voir supprimer. Déjà plusieurs numéros ont été arrêtés, et, malgré l’excessive indulgence du ministère à son égard, sans doute à raison de sa nature anglaise, qui suppose une indépendance particulière, il est difficile que l’humeur ne s’en mêle pas à la fin, et qu’on ne proscrive irrévocablement cette feuille, au fond peu rare, fort bavarde, et ayant tous les défauts du terroir. Les différents partis de ce pays-ci, dans tous les genres, seraient désolés de cet événement, qui les priverait de ce réceptacle de leurs querelles et de leurs injures. »

Et ce n’était pas seulement de Paris que lui venaient les obstacles ; une autre fois il était la vic-