Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/405

Cette page a été validée par deux contributeurs.

coûter. M. de Vergennes donna son consentement.

Le Courrier devait paraître à Paris en même temps qu’à Londres ; mais il était difficile qu’un journal écrit dans un pareil milieu n’oubliât pas la mesure qui convenait de l’autre côté du détroit. Dès le second numéro il était proscrit en France. On trouva qu’il critiquait notre ministère d’une façon indécente, insolente même, et que les termes dans lesquels il parlait du roi et de la reine ne pouvaient être tolérés. La police le fit saisir dans tous les lieux publics ; le roi même se montra si irrité de l’audace de ces nouveaux gazetiers, que non-seulement il ordonna d’empêcher l’introduction du Courrier par la poste, mais qu’il défendit à ses ministres d’en recevoir aucun exemplaire.

Cette proscription était un coup mortel pour la nouvelle feuille. C’est ce que comprirent parfaitement ses entrepreneurs. Ils députèrent vers M. de Vergennes pour obtenir la levée de l’interdit, rejetant la faute du passé sur le sieur Morande, l’auteur tristement célèbre du Gazetier cuirassé, et promettant de se renfermer dans les bornes de l’honnêteté des autres gazettes étrangères introduites en France. M. de Vergennes réussit à vaincre la répugnance du roi, auquel il représenta que le meilleur moyen d’arrêter les sarcasmes de cette feuille était de lui permettre l’entrée de la France ; et la distribution à Paris en fut permise à partir du 1er novembre.