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qui allaient passer quinze jours à Londres pour le compte de quelques libraires, et revenaient à Paris débiter leurs relations. Les gazettes hollandaises auraient pu suppléer à l’absence totale des faits et des documents ; mais leurs fragments mutilés, traductions informes des gazettes anglaises, étaient si défectueux, si fatigants, si confus, qu’à peine pouvait-on les lire, et, lorsqu’on les avait lus, c’était un chaos où l’on s’apercevait qu’il n’y avait rien à prendre. Un Français, homme d’esprit, avait entrevu dans tous ces motifs, et dans la nécessité où étaient les gouvernements du continent de connaître les affaires de l’Angleterre, les éléments d’un grand succès pour un journal : il résolut d’en fonder un. Il sentit tout le parti qu’il pouvait tirer de l’amas immense des feuilles quotidiennes et périodiques que Londres voit éclore, pour composer, à Londres même, un journal français. Il annonça son plan, qui fut partout goûté, même en France. Il était bien propre, en effet, à piquer la curiosité. On y promettait d’apporter les plus grands soins à ne rien présenter au public qui ne fût capable de l’instruire ou de l’amuser. L’histoire et les progrès des arts utiles comme des arts agréables, le tableau des vertus comme des vices des différents peuples du monde, et principalement les nouvelles politiques, étaient les objets qu’embrasserait et traiterait le nouveau journal. Des correspondants instruits, la-