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Les deux collaborateurs « se brouillèrent ensuite, dit La Harpe, et La Porte fit un journal pour son compte, mais qui ne fut pas de longue durée. Il s’était rangé du parti des bons écrivains, pour prendre le contre-pied de Fréron ; mais avec une bonne cause, il n’avait pas assez de talent pour se faire lire. Il en faut beaucoup, dans le genre de la critique, pour se passer de la satire, et la satire, au contraire, est tout ce qu’il y a de plus aisé. Le seul article de l’abbé de La Porte qui eut quelque succès, ce fut une revue des feuilles de Fréron, dans laquelle était, d’un côté, la liste de tous les écrivains que le journaliste avait dénigrés, et, de l’autre, celle de tous ceux qu’il avait exaltés ; et il se trouvait, au résultat, ce que l’on savait d’avance, que les auteurs loués étaient tous les barbouilleurs de papier, et les auteurs déchirés les chefs de notre littérature[1]. »

Nous avons cité ce passage de La Harpe pour le jugement qu’il formule ; mais il n’est pas, quant aux faits, d’une rigoureuse exactitude.

La Revue des Feuilles de Fréron n’est pas un article du journal de La Porte, mais bien un volume in-12, sous la rubrique de Londres, 1757, et qui n’est pas de notre auteur. La France littéraire de 1769 attribue cette critique assez plaisante à Prévost de Saint-Lucien ; mais elle est de De Leyre,

  1. Correspondance littéraire, let. 121.