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trop grande pour lui, sous la garde d’une dame Buttet, qui est sa maîtresse et son cerbère, et là, d’une main tremblante de rage, il écrit ces fameux Mémoires sur la Bastille qui ont été comme le premier coup de pioche donné à cette vieille forteresse du despotisme.

Nous devons dire quelques mots de ce pamphlet, parce qu’il fait en quelque sorte partie des Annales. On lit en effet dans un avis placé en tête : « Ces Mémoires, étant compris dans les Annales et composant trois numéros, n’auraient dû se distribuer que par portions ; cependant, par égard pour l’impatience du public, et pour ne pas suspendre l’intérêt, on distribuera les trois numéros à la fois. » Ils commencent en effet le tome X des Annales, qui est ensuite presque entièrement rempli par l’examen des œuvres de Voltaire, interrompu seulement une fois parce que « il faut bien parler de ce Congrès qui a si rapidement acquis une souveraineté et qui a de la peine à trouver une maison, de ces libres Américains qui consacrent la prise de possession de leur indépendance par des proscriptions moins sanglantes, mais en un sens plus atroces que celles des Marius, des Sylla, des Octave, parce que celles-ci étaient l’ouvrage d’un petit nombre de scélérats enivrés par la fortune, au lieu que les autres sont ordonnées, ratifiées, exécutées en corps de nation, et de sang-froid. Il faut bien