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morales. Les nouvelles et les jugements littéraires y avaient aussi leur place. Enfin il n’est peut-être pas de recueil contemporain où l’on trouverait une appréciation plus réfléchie de ces années du XVIIIe siècle dont il offre la véritable histoire politique et morale.

Mallet avait déjà publié trente-six numéros, en deux ans, et, par conséquent, était bien en droit de regarder les Annales comme siennes, lorsque Linguet, sorti de la Bastille, lui chercha querelle, et le dénonça, en termes outrageants, comme un contrefacteur. Mallet répondit avec fermeté et dignité, en déclarant qu’il restituait la livrée sous laquelle il avait paru depuis plus de deux ans, et qu’il rendait son titre d’Annales politiques, civiles et littéraires, au Journal helvétique, d’où Linguet l’avait pris ; enfin, qu’il allait continuer sous une autre dénomination un recueil qui n’avait jamais été un instant copié sur celui de Linguet, et qu’il avait le droit de présenter comme son œuvre propre et originale. À partir du mois de mars 1783, son journal parut sous le titre de Mémoires historiques, politiques et littéraires, sur l’état présent de l’Europe, avec cette épigraphe : Nec temerè, nec timidè ; mais il en suspendit la publication avant la fin de cette même année pour se rendre à Paris, où l’appelaient d’honorables propositions, provoquées par sa réputation de publiciste instruit et honnête.