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Des compilateurs en expriment la quintessence ; ils donnent l’esprit des ouvrages périodiques sans esprit, ce qui, sans contredit, est la chimie par excellence. Cet esprit-là, pour les papiers-nouvelles, n’est autre chose que le mensonge. Il serait à souhaiter que quelque bibliopole agiotât le privilége d’un Journal des calomnies hebdomadaires. L’auteur serait assurément, de tous les périodistes, le plus nécessaire et le plus occupé. Il faut croire que les gouvernements ne regarderaient pas ce recueil comme de contrebande dans leurs États.


Les Annales de Mallet, à peine connu, ne pouvaient avoir le succès de celles de Linguet dont le nom était si retentissant ; elles en eurent assez cependant pour « tenter l’avidité de contrefacteurs, dont l’un s’était retranché à Nantes, l’autre à Yverdon » ; et Mallet se croit d’autant plus « le droit de s’élever contre ce brigandage odieux, que le prix de son ouvrage est accessible à toutes les classes de lecteurs. »


C’est au mois d’avril 1780 que Mallet commença la nouvelle série des Annales, pour faire suite à celles de M. Linguet, et il continua, aussi régulièrement qu’il était possible, de publier deux fois par mois soixante pages d’un journal qui offrait, avec plus d’étendue et de conscience que celui de son prédécesseur, un tableau raisonné des événements politiques des deux mondes, des considérations générales et développées sur des points intéressants d’économie politique, de législation ; en un mot, de ce que nous appellerions aujourd’hui sciences