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la contradiction et le paradoxe pour le plaisir de briller. Mallet n’avait pas tardé à s’apercevoir combien il s’était trompé sur son compte ; il n’avait bientôt plus vu en lui qu’un sophiste vendu au parti qui savait le gagner ou lui plaire. Il y avait un abîme entre leurs deux caractères. Ils s’étaient donc séparés, et Mallet était retourné poursuivre ses études dans sa patrie.

Quoi qu’il en soit, quand Linguet eût été mis à la Bastille, Mallet résolut de continuer les Annales à Genève, non, comme il le dit lui-même, pour se les approprier, mais afin d’entretenir le public dans le goût de ce genre de recueil, et pour que Linguet, à sa sortie de prison, pût les reprendre avec plus d’utilité.


Cet ouvrage périodique est un supplément, plutôt qu’une continuation, du célèbre ouvrage du même titre ; dans l’impossibilité de le remplacer, on ne cherche qu’à occuper, sans se flatter de le remplir, l’intervalle de sa cessation…

C’est un recueil vraiment libre, consacré au développement de l’histoire générale du siècle, dans la politique, la législation et la littérature, avec des réflexions. Tout ce qui peut caractériser les mœurs, les usages, l’esprit, les lois et les événements de notre époque, y sera consigné avec autant de franchise que d’impartialité. Au moyen de précautions qu’on a prises, et des correspondants scrupuleux dont on a fait choix, la vérité trouvera dans cet ouvrage un asile fermé aux nouvelles infidèles ou douteuses, à la calomnie comme à la flatterie et à toute personnalité.


Cette franchise, cette impartialité, sont les qualités dominantes de Mallet du Pan, et elles ne se