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probabilités, amener quelques relations entre Linguet et son jeune champion ; mais nous manquons de renseignements à cet égard. Quelques circonstances, cependant, portent à croire que le Journal de Politique et de Littérature reçut des articles de l’écrivain genévois. Mallet du Pan aurait ainsi fait sous les auspices du terrible avocat ses premières armes comme journaliste. On lui voudrait un autre parrain, car Linguet, avec sa verve caustique, son naturel insolent et sa passion pour le scandale, introduisait alors dans le journalisme ce même genre d’éloquence injurieuse et de satire personnelle dont il avait donné au barreau le déplorable exemple, au grand dommage de son talent et de sa considération. Mais on ne choisit guère plus son parrain que sa parenté, et on entre dans le monde, et même dans le monde littéraire comme on peut.

Lorsque Linguet, évincé de son journal, prit le parti d’aller établir ses batteries hors de France, il vint à Genève et se montra à Ferney. C’est là que Mallet du Pan le vit pour la première fois. Ce qu’il aperçut de l’homme ne parut point avoir dissipé son admiration pour lui ; il s’enrôla décidément sous sa bannière et, peu de temps après, il alla le rejoindre à Londres.

À propos de cette visite de Linguet à Voltaire, on parla beaucoup de l’effroi qu’il inspira au grand homme. Après les trois jours qu’il passa à Ferney,