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même à papa grand homme, et que c’est une faible ressource de ne recueillir que cela de sa succession. Ce qui doit l’affecter le plus, c’est que Linguet paraît fort protégé. Le roi et Monsieur lisent exactement toutes ses feuilles, et M. de Vergennes, qu’il avait osé maltraiter il y a environ deux ans, l’a très-bien reçu dans son dernier voyage à Paris, qui s’est fait vers le mois de juin. C’est un dogue à longues dents, que le ministère a lancé contre la philosophie. »

Cependant les choses finirent par aller si loin, que les Annales, bien qu’elles sortissent de presses étrangères furent solennellement dénoncées au Parlement, toutes les Chambres réunies.

Ce fut M. d’Eprémesnil qui remplit, dans cette circonstance, le rôle d’accusateur, et il le fit si verbeusement, que son réquisitoire n’occupa pas moins de trois séances, d’une heure et demie chacune (11, 14 et 18 juillet 1780). Ce réquisitoire, qui ne fut imprimé qu’un an après, forme 55 pages in-8o, d’un caractère assez fin. L’orateur commence par un exorde où il cherche à éloigner de lui la mauvaise opinion que semble faire naître d’abord le rôle de dénonciateur, surtout à l’égard d’un homme expatrié, et que son malheur semblerait devoir rendre sacré ; il entre ensuite en matière, et, après un historique de ce qui a précédé l’évasion du célèbre journaliste, il en vient aux Annales, dans