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Je ne cherche dans cette île superbe que la liberté. J’ai cru longtemps qu’elle n’y existait pas plus que dans le reste de l’Europe ; je souhaite être désabusé. L’expérience va m’apprendre si je me suis trompé dans mes raisonnements, et la lecture de cette lettre commencera à faire connaître aux Anglais l’homme singulier peut-être, mais bien fièrement irréprochable, qui attend d’eux l’hospitalité.


Peu de temps après la publication de cette lettre, qui fit grand bruit, Linguet lança le premier numéro de ses Annales politiques et littéraires, appelées à une renommée si bruyante. Ce à quoi l’on ne se serait guère attendu si l’on ne connaissait l’homme, c’est qu’il dédia ce recueil à Sa Majesté le roi de France.


Sire,


Malgré le respect connu de Votre Majesté pour la justice, une violence injuste m’a enlevé mon état dans ma patrie ; ensuite elle m’a forcé d’abandonner un travail utile, qui, avec de l’encouragement et de la liberté, aurait pu devenir honorable.

Je le reprends sous une domination étrangère, mais non pas sous des auspices étrangers : c’est à Votre Majesté que j’en fais l’hommage. Mes ennemis ne m’ont laissé que ma plume et mon cœur. L’une sera, jusqu’à mon dernier soupir, employée à exprimer les sentiments dont l’autre est rempli pour la France et Votre Personne sacrée.

Je ne manquerai aucune occasion de publier cette manière de penser.

Après avoir usé ma vie à combattre pour des opprimés, je suis, à mon tour, victime de l’oppression. Je n’en conserve pas moins la ferme confiance que Votre Majesté m’en vengera, quand l’obstacle qui empêche mes plaintes de parvenir jusqu’à Elle sera évanoui. Si ma vie se termine avant que j’aie pu jouir de cette