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Il mit le comble à la mesure dans son numéro du 25 juillet 1776, où, rendant compte de la réception de La Harpe à l’Académie, il s’emportait en invectives, à la fois et contre le nouveau membre et contre le corps tout entier. Les académiciens, à qui les avocats avaient tracé l’exemple, demandèrent vengeance à leur tour, et l’obtinrent également. Ce fut le duc de Nivernois qui, assisté du maréchal de Duras, alla porter l’article au garde des sceaux, et, après le lui avoir fait lire, le pria de donner une juste satisfaction à sa compagnie outragée. M. de Miromesnil hésita d’autant moins qu’il n’était pas fâché de trouver l’occasion de punir l’insolence audacieuse avec laquelle Me Linguet avait si souvent manqué à l’ordre des avocats, au parlement et au conseil, par son affectation à se plaindre sans relâche des persécutions qu’il avait essuyées, et qu’il avait trouvé moyen de ramener encore dans l’article qui avait soulevé l’Académie. Ordre fut envoyé à Panckoucke de retirer à Linguet la rédaction de son journal.

Il s’éleva, à cette occasion, entre l’éditeur et le rédacteur du journal, une longue discussion, dans laquelle ce dernier apporta sa violence habituelle. Panckoucke lui ayant adressé la lettre du ministre en original, Linguet lui en renvoya une copie avec ses observations en regard. C’est une pièce assez curieuse pour que nous la reproduisions.