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et qui prit le nom de cette dernière ville. Il en confia la rédaction, avec un traitement de dix mille livres par an, à l’avocat Linguet, un homme taillé pour le journalisme, et qui depuis quelques années remplissait la France de son bruit.

Nous nous arrêterons sur cette figure, une des plus saillantes et des plus remarquables du siècle dernier.


« Il y a visiblement, dans la seconde moitié du xviiie siècle, une bande d’hommes auxquels Voltaire semble avoir ouvert le chemin de l’universalité, hommes bons à tout faire et à tout dire, aventuriers des lettres, des sciences, de la politique et de l’industrie, gens à qui le hasard ou les circonstances improvisent des vocations. Signaler cette bande active et extraordinairement intelligente, c’est nommer Linguet, Beaumarchais, Mercier, Brissot, — quelques autres encore, mais beaucoup plus bas placés. Le bruit que font ces hommes aux approches de la Révolution s’entend de toutes parts, et leur influence sur les événements est d’autant plus considérable qu’elle s’exerce sous la pression des censeurs, du fond de l’exil, ou même derrière les portes des prisons d’État.

» Ces hommes ont certains côtés supérieurs, qu’on ne peut nier sans injustice : courage, vigueur de forme, et cette persévérance fougueuse qui