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Je suis bien aise que les livres que je vous ai envoyés vous fassent plaisir. Le P. Prévost prête aussi avec plaisir, et il n’a de peine que pour le retour, parce qu’il n’aime pas la cérémonie d’aller à la voiture du coche, de là à la douane, puis à la chambre syndicale des libraires, ce qui est indispensable pour les ballots de livres qui entrent à Paris. J’y ai passé une fois pour des livres qu’on envoyait d’Auxerre, et j’en fus bien saoul. Une autre fois, pour deux ou trois cayers du nouveau bréviaire de Soissons, qu’on m’envoya par le carrosse, sur l’enveloppe desquels il y avait : Papiers imprimés ; il n’en fallut pas davantage pour, du carrosse, être portés à l’hôtel de la douane, et de là à l’hôtel de la chambre syndicale, qui a ses jours d’assemblée déterminés. Encore si on en était quitte pour la peine d’aller réclamer en ces endroits ! Mais il en coûte encore, et j’ai souvenance que mon petit paquet de 12 ou 15 sols coûta en cérémonies appenditaires 25 ou 30 sols. C’est une grugerie criante ; mais il faut passer par la porte ou par la fenêtre. Lorsqu’on renvoie un ou deux livres, un ami peut les mettre en sa poche, ou les cacher dans ses hardes ; mais tout ballot de livres doit, pour gagner le jubilé à son arrivée à Paris, faire les trois stations susdites, avec la bonne œuvre de l’aumône, volontaire ou contrainte. Je vous dirai que je n’ai pas moins de dégoût pour cette procession qu’en a le P. Prévost ; et je vous conseille, pour nous éviter ces promenades, lorsque vous renverrez ces quatre volumes, d’adresser le ballot à M. Briasson, ou à tel autre libraire avec qui vous soyez en relation. Ces libraires ont des garçons de boutique ou apprentis qui sont stylés à ces trois stations, et qui savent mieux se défendre des buissons dont les épines crochues demandent chacune leur paiement.