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La note ajoute, sans doute par allusion aux contrefaçons : « M. de Tronchin, directeur de la Gazette, demeurant à Amsterdam, mande, le 6 octobre 1770, à M. de Montigny, son correspondant à Paris, que les véritables gazettes d’Amsterdam portent le numéro au haut du milieu de la page, qu’au dessous dudit numéro est l’arme représentant un lion, au-dessus duquel il y a une couronne, et à côté de laquelle on lit en tête : Avec privilége de Nos Seigneurs, et au-dessous, en lettres italiques : les États de Hollande et de Westfrise. À la fin de chaque gazette est imprimé : Pour le sieur J.-T. Du Breuil[1], et se vend… »

Cette note a toutes les apparences de l’exactitude, et c’est là évidemment l’histoire de la véritable Gazette de Hollande, de celle qui fit tant de bruit. J’ai pu consulter, en effet, à la Bibliothèque impériale le Nouveau journal universel, qui en fut l’origine, et j’ai trouvé, à la fin du numéro du 24 mars 1690, un avertissement de l’éditeur, Claude Jordan, par lequel il prévient qu’à partir du numéro suivant son journal prendra, de l’assentiment des magistrats, le titre de Gazette d’Amsterdam.

Mais si c’est là la véritable, la grande Gazette d’Amsterdam, ce n’est pas la première, puisque la Bibliothèque impériale possède, comme je l’ai dit en commençant, des numéros d’une Gazette d’Amsterdam antérieure à celle de Jordan de trente à quarante ans.

Dans l’avertissement que je viens de citer, Claude Jordan dit qu’il « avait, pendant plusieurs années, fait imprimer avec succès la gazette intitulée Nouvelles extraordinaires de divers endroits. Serait-ce la même que celle que nous avons rencontrée à la bibliothèque Sainte-Geneviève ? Je serais tenté de le croire. À la vérité, les premiers numéros de cette dernière, année 1682, portent à la fin : À Leyde, de l’imprimerie de la veuve van Gelder, et, de plus, à partir du 10 février : Pour de La Fond[2]. Mais

  1. Je trouve dans Barbier une « Gazette française, Amsterdam, 1691-1762, par Jean Tronchin Du Breuil, et continuée par ses fils, plus de 60 vol. » Très-probablement il n’y a pas eu plus de Gazette française qu’il n’y a eu de Gazette de Hollande, et la feuille que Barbier a enregistrée sous ce titre n’est autre que la Gazette d’Amsterdam.
  2. Sous ce nom de La Fond se cachait, dit-on, un moine défroqué dont le véritable nom était François de la Bretonnière,