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périodiques de cette espèce ne devrait point être regardée comme une occupation sérieuse. Tel n’a d’abord regardé ces sortes de feuilles que par curiosité ou par complaisance, qui s’y est ensuite livré tout entier et est devenu nouvelliste dans les formes. Si l’on connaissait tout le ridicule attaché à cette misérable profession, on se donnerait bien de garde de s’en faire honneur… »

On peut juger, par ces citations, de l’idée qu’on se faisait, dans les premières années du XVIIIe siècle, des gazettes et des gazetiers. Pour ce qui est de la France, en fait de journaux politiques, comme nous venons de le dire, elle était encore réduite, en 1700, à la Gazette et au Mercure. La curiosité publique n’avait, pour se satisfaire, que les journaux de Hollande ; mais, outre que ces journaux, écrits sous l’influence des passions, ne se piquaient pas plus d’exactitude que d’impartialité, ils n’étaient à la portée que d’un bien petit nombre. Le prix même des feuilles françaises, les difficultés du port et de la remise, étaient un obstacle pour la masse ; si bien que « quiconque n’habitait pas une grande ville était, par sa situation, presque hors d’état de s’instruire des plus grands événements, et même de ceux auxquels il pouvait prendre part, soit comme citoyen, soit comme intéressé par ses liaisons et sa fortune. Cependant les événements devenaient chaque jour plus intéressants ; l’Europe,