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Marmontel, l’Observateur littéraire, le Mercure.


Quelques années après, alors que Desfontaines s’éteignait et que Fréron se disposait à recueillir sa succession et à continuer son œuvre, un jeune homme qui devait occuper une place remarquable dans le monde littéraire, cherchant sa voie, se hasardait timidement dans cette carrière attrayante et en apparence si facile du journalisme. C’est de Marmontel que je veux parler. Il était alors, — c’était en 1745, — âgé d’environ 22 ans, très-léger d’argent, mais riche des plus belles espérances, auxquelles s’ajoutaient encore celles de son ami Beauvin. Celui-ci avait dans la tête un projet capable de les enrichir promptement : il ne s’agissait de rien moins que de faire à eux deux une feuille périodique. Marmontel, qui, sur les conseils de Voltaire, visait au théâtre, se laissa persuader par son ami, et ils se mirent bravement à l’œuvre. Avec quel amour ces deux graves aristarques préparèrent leur premier numéro, je le laisse à penser. Il parut enfin, sous le titre de l’Observateur littéraire, et précédé de ce fier exposé de principes :


La carrière où s’engage un critique est pénible et dangereuse ; mais l’amour du travail en adoucit les fatigues, et la bonté du cœur en écarte les dangers. Un vrai critique traite tous les au-