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mes de la plus exacte logique, de Bayle, à la finesse de la critique, à l’étendue des connaissances de Basnage, de Leclerc, et aux autres talents de nos premiers journalistes, le public n’a point dédaigné de moindres lumières, des efforts moins soutenus ; on a cherché à lui plaire, il en a tenu compte, et on lui a plu. Il faut en convenir aussi, tout ce qui peut contribuer à soutenir la constance de nos goûts se trouve nécessairement dans la composition d’un journal ; la variété des matières dédommage d’un examen approfondi, et il est rare qu’il n’en résulte pas quelque intérêt. Un journal présente une sorte de spectacle où il se trouve toujours quelque scène agréable. L’homme du monde le moins livré à l’étude s’y délasse des occupations de la société, il y reprend haleine ; c’est un repos pour ses sens affaiblis par la dissipation, et souvent par l’embarras inséparable des plaisirs. Le savant, fatigué du travail d’une étude sérieuse, s’y amuse sans se détourner de sa route ; il y rencontre même quelquefois ce qu’il eût cherché longtemps, et ce qu’il n’eût trouvé ailleurs qu’avec peine… »

Mais la France, si fertile en journaux littéraires, demeura assez longtemps sans journaux historiques et politiques, ne possédant du moins que la Gazette et le Mercure, soumis l’un et l’autre aux restrictions que l’on sait. Nous en avons dit le motif dans notre Introduction : on vivait alors sous le régime