Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 3.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En songeant aux bienfaits multipliés dans les deux derniers hivers au sein de cette capitale, j’étais tenté d’aller de porte en porte embrasser les riches qui faisaient un si bon usage de leurs richesses ; j’aurais presque osé aussi embrasser nos souverains, dont la première qualité et le plus bel éloge est d’être honnêtes gens sur le trône.


Voilà la morale du Cousin Jacques, voilà son cœur. On pourrait s’étonner de trouver tant de sensibilité chez un pareil fou. Mais, dit-il lui-même quelque part, « ceux qui sont nés avec beaucoup de gaîté sont ordinairement plus sensibles que les autres, et, si leur naturel joyeux ne faisait pas de temps en temps diversion à leurs idées philosophiques, leur cœur se partagerait en deux en pensant aux peines de leurs semblables, et ils crèveraient de chagrin !… »

Il revient une autre fois encore sur les vertus qui avaient rendu les commencements du règne de Louis XVI si populaires.


On raconte publiquement que, dans un royaume de l’Europe situé au nord de l’Espagne et au midi des Pays-Bas, il y avait autrefois un jeune monarque plein de droiture, d’honneur et d’équité, qui se glorifiait plus d’être appelé notre bon roi, notre père, que d’être comparé à tous les héros de l’antiquité. Ainsi un poète qui lui aurait dit : Sire, vous êtes comme les étoiles… ; Sire, les lys et les Bourbons, etc. ; Sire, le firmament et vos augustes ancêtres, etc., aurait été très-mal reçu ; et un bon campagnard qui lui disait : Sire, vous êtes un brave homme, lui faisait venir les larmes aux yeux. Aussi n’avait-il plus d’autre nom, parmi ses sujets, que celui du monarque honnête homme… Ces trois mots-là