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il la présente sous la forme d’une proposition à ses abonnés, auxquels il s’adresse directement


Messieurs,

Mon lot n’est point d’annoncer le mérite indigent qui réclame la sensibilité publique. Un journal plus important et plus estimé que ma folie périodique se charge de ces sortes d’annonces. Mais s’il se présente à mes yeux un sujet digne de vous être proposé par une note particulière, je ne vois aucune raison de lui refuser mon faible ministère.

Il s’agit aujourd’hui d’un compatriote. Je vous réponds de sa probité… Il a éprouvé des revers, et quel mortel peut se flatter d’être à l’abri des revers ?… Il voudrait trouver une place quelconque qui lui procurât une existence douce et tranquille

Si quelqu’un d’entre vous, Messieurs, peut s’intéresser efficacement pour lui, je lui en aurai autant d’obligation que s’il m’eût obligé moi-même, et je me chargerai de la reconnaissance.

J’ai l’honneur, etc.


Le cœur de Beffroy éclate souvent à travers ses folles divagations.


— Malheur et cent fois malheur à celui qui, au sortir d’un bon repas, peut de sang froid voir jeûner son semblable !

— Quand vous serez indécis sur un acte de bienfaisance, ne dites jamais : Cet homme-là a faim ; Cet homme-là souffre et pleure, etc. ; mais dites : Mon semblable a faim ; Mon semblable souffre et pleure… Ce grand mot de semblable vous rappellera sans cesse que le pur hasard a créé les distances, que du jour au lendemain nous pouvons passer de l’aisance à la misère, et que les besoins qu’un homme nous expose sont précisément les nôtres.

— Si vous passez tranquillement devant un homme qui pleure, tant pis pour vous ! Si les larmes qu’il verse ne vous touchent point, tant pis !… mais tant pis pour vous, bien plus que pour lui !…