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« Messieurs, n’en doutons plus, cet homme-ci est fou, dans toute la force du terme. »


Ces essais, d’un genre si étrange, n’obtinrent qu’un succès de stupéfaction, et Beffroy végétait, tantôt à Paris, tantôt en province, envoyant de petites boutades versifiées au Mercure, qui les insérait volontiers, mais qui ne les payait pas, quand il s’avisa de fonder les Lunes, qui sont un recueil de prose et de vers sur tous les sujets possibles, et même impossibles, plutôt qu’un journal ; il dit lui-même :


On nous envoie de la province des pièces de vers volumineuses, des avis relatifs à différents particuliers, des annonces de livres nouveaux et des nouvelles politiques. Nous avertissons le public que les Lunes ne sont point un journal, qu’elles n’ont aucune des qualités qui caractérisent un journal ; que chaque numéro est le fruit de l’imagination d’un seul auteur ; qu’on n’y insère que ses folies et ses productions ; que, si l’on s’est permis de terminer les numéros par quelques chansons ou épigrammes étrangères, qui remplissent tout au plus les six ou huit dernières pages d’un livre qui en a près de deux cents, c’est pour donner plus de prix à l’ouvrage. En un mot, l’auteur ne s’engage à rien insérer à la fin des Lunes, que quelques jolies pièces dont son caprice lui conseillera le choix. Quant aux nouvelles politiques, elles ne sont point du tout de la compétence des Lunes… ; et pour les annonces particulières, s’il en paraît quelques-unes par hasard, elles ne paraîtront jamais comme annonces, mais toujours comme accessoires : c’est une réflexion qui les amène ; elles forment une note ou une parenthèse.


Et en effet, s’il a une demande d’emploi à faire,