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à Paris, rue des Vieux-Augustins, hôtel de Beauvais, numéro 264.

C’est en ces termes qu’il donne lui-même son signalement, et voici comment, ailleurs, il s’apprécie.


Et puis on vit paraître un auteur du mauvais genre, qui s’appela Cousin Jacques, qui fit des Lunes, qui fit des Planètes, et qui osa rire publiquement quand la mode en était passée ; et puis tous les jolis petits écrivains du bon genre prouvèrent, par des almanachs d’une grande force, qu’il était impossible de rire et d’avoir du goût, de faire un Courrier des Lunes et d’avoir du bon sens, d’aller dans les planètes et d’être un homme d’esprit, de s’appeler Cousin Jacques et d’être un bon citoyen.

Et puis les amateurs qui voulurent en juger par eux-mêmes eurent la politesse de trouver qu’on peut en riant parler raison, qu’on peut en riant avoir un cœur, qu’on peut en riant être moraliste : de sorte que le Cousin Jacques, proscrit et rejeté par le public qui ne rit pas, fut accueilli et fêté par le public qui rit.


Quant à ce nom de Cousin Jacques, « que bien des gens, qui n’ont pas tort, n’auront pas manqué de trouver ridicule », il en raconte ainsi l’origine :


Me promenant avec des dames aussi écervelées que moi, dans un village des environs de Tournai, je parlais d’un auteur qui s’annonçait alors sous le nom du frère Paul, et nous disions qu’il était quelquefois piquant d’adopter en littérature un nom analogue à son genre, comme les comédiens adoptent des noms de guerre. On convenait qu’il y a mille circonstances où l’on n’est pas fâché de sauver du ridicule des parents qui semblent être enveloppés dans une critique dont l’objet est quelqu’un du même nom.