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Théâtre rédigé par le sieur Le Fuel de Méricourt. J’ai été assez adroit ou assez heureux pour en attraper un exemplaire. Voici le fait. Depuis plusieurs mois, ce journal a cessé de paraître ; les souscripteurs s’en sont plaints et ont reçu d’abord pour excuse la maladie du rédacteur ; il a, peu après, écrit à l’un d’eux qu’il s’était brouillé avec son censeur, et que celui-ci avait, de sa propre autorité, arrêté l’impression et déclaré qu’il voulait être déshonoré si jamais il approuvait une ligne du sieur de Méricourt, etc., etc., etc. ; enfin que M. de Neville était inabordable pour lui, et ne daignait faire aucune réponse à ses réclamations, quoiqu’il lui eût fait parler par un homme de sa connaissance, et qu’il y avait apparence qu’on ne lui redonnerait point de censeur…

« M. Camus, écrit M. de Méricourt, répondu à de nouvelles représentations qu’il verrait çà… Vous voyez, Monsieur, qu’il n’y a point de paresse de ma part, vous m’obligerez infiniment de ne plus faire retentir les cafés de pareils propos. Informez-vous à M. Camus de ce que j’avance, il ne pourra le nier. Cependant je prévois que l’intrigue dans laquelle il m’enveloppe est bien loin du dénouement. Il ne jure que par mon censeur ; mon censeur est le conseil, est l’émule, l’ami des comédiens, et surtout du sieur Préville (quoique maître de Coqueley de Chaussepierre n’ait jamais joué que des farces, des parades et des proverbes, les comédiens veulent cependant bien lui faire l’honneur de le tutoyer et de le traiter en camarade). Le sieur Préville a plusieurs nièces à marier ; un commis des fermes, nommé Le Vacher, lui a promis d’en épouser une, s’il obtenait mon privilége. « Vous l’aurez, mon ami, a-t-il répondu ; tenez, voici Coqueley qui vous en répondra. » Jugez s’ils doivent tous travailler à s’en emparer. M. Coqueley a toujours réussi : il réussira, et le privilége du Journal de Théâtre sera la dot de la nièce d’un comédien… »

Dans une dernière lettre, du 31 janvier dernier, le sieur de Méricourt rend compte d’une entrevue qu’il a eue avec ses concurrents chez M. de Neville, et de la manière avec laquelle il a défendu ses droits et ceux de ses souscripteurs.