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protection à la cour et peu célébrés dans les journaux, n’ont cherché d’autre récompense de leurs talents que le plaisir secret de les exercer. Nous tâcherons de les tirer de leur obscurité, et de faire voir combien ils ont été utiles aux auteurs modernes qui puisaient avec sécurité dans ces sources inconnues au public. On a vu de tout temps quelques gens de lettres se liguer pour cacher avec soin ou décrier hautement les livres féconds où se trouvaient leurs mères idées, comme à Carthage on défendait aux navigateurs, sous les peines les plus sévères, d’enseigner aux étrangers le chemin des îles Cassitérides, où étaient les mines de la république…

Nous observerons, lorsque l’occasion s’en présentera, les changements arrivés dans les mots, et surtout dans la manière d’en faire usage.

On trouvera dans ce journal les querelles des savants et des littérateurs anciens et modernes, accompagnées d’observations simples, modérées et dégagées de tout esprit de parti. Dans les débats littéraires, la conduite la plus sage est celle du spectateur qui s’appuie sur la barrière, regarde les champions, ne veut ni donner des coups ni en recevoir, et refuse même souvent de les juger. Nous aimons mieux chercher à plaire au bon goût qu’à la malignité humaine, et nous avons assez bonne opinion de notre siècle pour croire que l’équité sévère, mais décente, peut trouver autant de suffrages que la satire. Le vœu secret des gens de lettres les plus estimables était, depuis longtemps, ou qu’on fît cesser tant de querelles envenimées, ou qu’une société littéraire, dans des conseils modestes, et non dans des arrêts tranchants, pesant les raisons sans peser les injures, invitât les deux partis à se respecter eux-mêmes ; prît soin de les laver l’un et l’autre de tant de calomnies, de tant d’outrages hasardés dans la chaleur de la mêlée, et dont on se repent après le combat, sans avoir souvent le courage d’avouer son repentir.


Enfin, chaque volume devait se terminer par les anecdotes politiques, auxquelles on joindrait un