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La Blancherie avait projeté de fournir aux savants et aux artistes, ce qui leur avait manqué jusque là, un centre de ralliement, avec les moyens de se connaître et de se faire connaître. Il avait fondé dans ce but une sorte de Cercle-Musée, et il se donnait à lui-même le titre d’agent général de correspondance pour les sciences et les arts, titre un peu fastueux, qui lui attira de nombreuses épigrammes. L’auteur du Petit Almanach des Grands Hommes, notamment, ne pouvait le lui pardonner, quoiqu’il eût pris lui-même, dans son pamphlet, le titre de comte de Rivarol. « M. de La Blancherie, y disait le petit grand homme, est un des plus puissants génies de ce siècle. Il avait conçu un projet admirable, qui devait le conduire à la plus haute fortune, et pour l’exécution duquel il ne demandait qu’une ville impériale, où tous les souverains de l’Europe devaient s’assembler et traiter avec lui. Il avait fort bien expliqué ses vues dans un journal de sa composition ; mais l’Europe, occupée de je ne sais quels intérêts du moment, négligea le grand projet de M. de La Blancherie ; la ville impériale ne lui fut point accordée ; les souverains ne s’assemblèrent pas, et ce grand homme resta seul avec ses plans et son génie, rue Saint-André-des-Arts, près l’égout. Ô temps ! ô mœurs ! »

« Passe des persifflages sur le génie de La Blancherie, mais le plan de son Musée était ingénieusement