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tait les mêmes écarts contre les traitants et les financiers, et qui fut aussi exilé.

La suppression des Éphémérides eut des conséquences plus fâcheuses encore pour le collaborateur de Baudeau ; cette mesure, si l’on en croit la Correspondance secrète, n’aurait pas été étrangère à la mort de ce soldat-journaliste. « M. le colonel de Saint-Leu, y lit-on à la date du 13 mars 1779, homme estimé, mais peu favorisé de la fortune, a eu, comme vous l’avez su, une très-grande part à la rédaction des Éphémérides du Citoyen, et tenait un rang distingué dans la troupe qui suit l’étendard de la science du produit net. Il paraît qu’en consacrant ses veilles au bonheur de l’humanité, il a négligé le sien propre, et que l’humanité a été fort ingrate à son égard. Ce matin on a trouvé sur un de nos boulevards le digne colonel baigné dans son sang, tenant d’une main un pistolet à deux coups dont l’un lui avait fracassé le crâne, et l’autre était prêt à partir, pour suppléer sans doute au premier, s’il n’eût pas fait son effet. Une lettre attachée sur sa poitrine a indiqué son nom et ses parents, sans faire mention des motifs qui l’avaient porté à une telle action. On doit croire qu’il n’en a pas eu d’autre que de se soustraire à l’indigence. Le colonel n’était pas payé depuis longtemps de ses pensions par la République de Pologne ; la défection des protecteurs de l’économie et la suppression du journal