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dédier les Éphémérides à M. le Dauphin, et qu’on l’ait désiré de sa part. Crois-tu qu’un homme puisse changer la manière d’être de ces gens-là ? Je crois que la fermeté ne doit être employée que pour éviter de mal faire. Or ce n’est pas mal faire que de dédier un pareil ouvrage à un homme de cet ordre ; c’est plutôt opiniâtreté que fermeté. Que veut-on ? Le succès d’une entreprise de bien public. Une telle déférence peut l’accélérer, et ne saurait jamais y nuire ; le refus peut nuire, et des sous-ordres piqués peuvent empêcher l’impression. Qui sait ce que peuvent faire ces gens, c’est-à-dire les faiseurs ? Considère au surplus que, quoique la France soit assez méprisée à présent, il ne s’agit pas moins des fils aînés de l’Église ; qu’un rien peut lui rendre tout son lustre, et qu’un Dauphin peut plus pour ton but que cent grands-ducs de Toscane.


Les Éphémérides moururent dans les mains de Dupont de Nemours, qui avait succédé à l’abbé Baudeau.

Cependant la protection de Turgot, qui avait embrassé la doctrine des économistes, rendit un moment d’éclat à ce parti. « Il est inconcevable à quel excès de délire l’enthousiasme philosophique peut porter certaines têtes une fois exaltées. C’est ce qu’on voit à l’égard des économistes, qui plus que jamais font corps, composent une secte, et ont imaginé des cérémonies et des formules de réception pour les initiés. C’est aujourd’hui M. Turgot qui préside aux assemblées ; il a loué un grand hôtel, l’hôtel de Brou, où une très-belle galerie sert à réunir tous les frères, à prononcer les discours et à l’admission des candidats. »