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créer un organe destiné à propager leur doctrine et à repousser les attaques auxquelles ils étaient en butte. La direction en fut donnée à l’abbé Baudeau, et chacun des apôtres fut appelé à y déposer les éléments et les résultats de la science nouvelle. Ils le baptisèrent du nom d’Éphémérides du Citoyen, ou Chronique de l’Esprit national ; mais, trouvant bientôt que ce titre n’était pas assez piquant, peut-être pas assez clair, ils changèrent le sous-titre en celui de Bibliothèque raisonnée des Sciences morales et politiques. Ils s’ouvraient ainsi une carrière immense et bien difficile à remplir. Il ne paraît pas que cette métamorphose ait beaucoup amélioré la fortune du nouveau journal ; il fallut plusieurs années et des circonstances particulières pour qu’on le remarquât. Peu répandu, roulant sur des matières métaphysiques et arides, il n’avait pas paru d’abord mériter l’attention du gouvernement. La fermentation occasionnée par la cherté des grains le fit sortir de son obscurité. La hardiesse de quelques-uns de ses rédacteurs, qui ne craignirent pas d’attaquer des compagnies, de s’élever contre les parlements de Paris et de Rouen, rendit fameux ces philosophes isolés, disent les Mémoires secrets ; de grands hommes daignèrent critiquer plusieurs de leurs articles ; on les lut ; on entra dans la discussion des dogmes de la secte. On trouva que, sous prétexte de prêcher les principes du droit naturel, elle