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rendent. Pour le concevoir, imaginez qu’il est à la tête d’une petite république de plus de soixante personnes, qu’il loge, nourrit, entretient, salarie, etc., dans laquelle tout travaille, sa femme, ses enfants, sa famille ; que le manuscrit, l’impression, la brochure, la reliure de ces ouvrages périodiques, se font chez lui, et que, malgré les frais énormes de cette triple production, il met encore 20,000 fr. nets de côté, au point d’être aujourd’hui en marché d’une terre de 180,000 livres, qu’il est à la veille d’acheter, et qu’il compte payer argent comptant[1]. »

Les principaux rédacteurs du Journal encyclopédique furent l’abbé Prévost, Morand, Prévost de La Caussade, Querlon, Reneaulme, Méhégan, les deux Castilhon, Chamfort, Duruflé, etc. Voltaire, dont Rousseau était l’admirateur, lui envoyait assez fréquemment des articles.

La collection se compose de 288 vol. in-12 à raison de 24 parties en 8 vol. par an.

  1. Rousseau n’employait pas seulement ses presses à l’impression de ses ouvrages périodiques ; on lui reproche, dans le libelle que nous avons cité, d’avoir réimprimé l’Esprit, le Candide, satire très-dangereuse contre la sagesse de la Providence divine ; les Lectures amusantes ou Mœurs de ce Siècle ; l’Histoire des Grecs, ou de ceux qui redressent la fortune dans le jeu ; le Tableau du Siècle ; Paraphrase de M. de Voltaire sur l’Ecclésiaste ; le Jugement du tribunal de l’Inconfidence, etc.; et, ajoute-t-on, s’il n’a pas fait imprimer la Pucelle, il en a vendu une édition presque entière. « Et vous n’appelleriez pas cela pirater aux dépens de la religion, de l’ordre public et des bonnes mœurs ! »