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pas comme ils l’espéraient. En conséquence ils ont imaginé de le réunir à celui de Bouillon (la Gazette des Gazettes, faite également par Rousseau), et de forcer le sieur Rousseau à leur faire un sort. Celui-ci, en butte à cette cabale puissante, a été obligé de recevoir la loi qu’ils ont voulu lui faire, et il doit dorénavant prélever à leur profit une somme de 51,500 livres ; ce qui paraîtrait incroyable, si l’on ne tenait le fait du sieur Rousseau lui-même. » Je ne sais trop si ce sera pour beaucoup de lecteurs une raison pour croire à une pareille énormité.

Quoi qu’il en soit, Rousseau fut assez fort pour supporter ces contributions forcées et triompher de tous les obstacles : le Journal encyclopédique poursuivit sa carrière jusqu’en 1793. À ce journal, du reste, ne s’était pas bornée son activité et son ambition ; concurremment, il conduisait plusieurs autres entreprises, « avec succès pour sa bourse et avec l’approbation du public à beaucoup d’égards. » — « Rien de plus singulier, lit-on dans une lettre écrite de Bouillon en 1765, rien de plus louable que la fortune de M. Pierre Rousseau, de Toulouse, qui d’auteur médiocre et méprisé à Paris, est devenu un manufacturier littéraire très-estimé et très-riche. Il préside, comme vous savez, au Journal encyclopédique, à la Gazette salutaire et à la Gazette des Gazettes, ou Journal politique, etc. Vous ne sauriez croire combien ces trois entreprises lui