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Rousseau, voulant prévenir la saisie de ses presses, les transporta à Bruxelles, où son journal continua de paraître sous la rubrique de Liége. Le numéro du 1er octobre est le premier où ne se trouvent plus les mots : Avec privilége exclusif. Ce numéro contient une apologie, que Rousseau avait d’abord publiée séparément, sous le titre de Préliminaire, et qui fut brûlée à Liége par les mains du bourreau. Malgré la protection du comte de Cobentzel, Rousseau ne put demeurer longtemps à Bruxelles. Forcé de chercher un autre asile, il en trouva un à Bouillon et le premier numéro de janvier 1760 est dédié au souverain de ce duché.

Un autre fois c’était du côté de la France que lui venaient les obstacles ; on y trouvait que le Journal encyclopédique s’exprimait trop fortement sur les despotes et le despotisme, et on le menaçait de proscription. Rousseau dut, pour détourner l’orage, consentir à ce que l’impôt dont il avait payé le droit de circuler en France fût porté de 2,000 à 5,000 livres.

Une mésaventure encore, mais bien autrement préjudiciable, lui serait arrivée quelques années après, si l’on en croit les Mémoires secrets. Voici ce qu’on y lit à la date du 2 juillet 1773 : « Le Journal historique et politique, institué depuis peu par le sieur Martin et consorts, sur lequel ils avaient fondé les plus grandes espérances de fortune, ne se débite