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qu’il y avait à introduire un journal philosophique dans une ville qui n’était rien moins que philosophe. »

Rousseau, en effet, avait embrassé les opinions philosophiques, et son journal était devenu un des organes du parti. S’il y avait gagné des clients, il s’était attiré aussi par là de redoutables inimitiés. Les curés de Liége, « obligés par état à veiller sur la doctrine qu’on répand parmi leur troupeau, n’avaient pas vu de bon œil que le journal de Rousseau fût affranchi de la censure. À peine les premiers volumes avaient-ils été rendus publics qu’on y découvrit un venin dangereux contre la religion et les bonnes mœurs ; des analyses de pièces indécentes ; des extraits de plusieurs livres prohibés, dont Rousseau louait les auteurs et les ouvrages ; des principes de morale d’où résultent les conséquences les plus horribles. » Ils portèrent donc leurs plaintes au cardinal-évêque, « qui y donna toute l’attention que le cas exigeait ; et tandis qu’on prenait des mesures efficaces pour faire cesser le scandale, les coups mortels frappés à Paris et à Rome contre la Pucelle et autres ouvrages de Voltaire, contre le Dictionnaire encyclopédique, contre l’Esprit et autres livres très-dangereux ; les éloges perpétuels prodigués indiscrètement à leurs auteurs, ainsi qu’à leurs ouvrages ; la négligence de parler des excellentes critiques qui paraissaient