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Voltaire accourut au secours : il fut enchanté de trouver un journaliste dévoué qui se prétât, pour son propre intérêt, à faire parvenir au public les annonces de ses ouvrages, leur désaveu, leurs analyses, leur éloge, leur apologie… »

À Liége même, Rousseau avait reçu l’accueil le plus encourageant. Il y était arrivé avec des lettres de recommandation de l’électeur palatin pour le comte d’Horion, premier ministre du cardinal de Bavière, prince et évêque de Liége. Le comte d’Horion, « voulant illustrer cette ville, — c’est Rousseau qui s’exprime ainsi dans une pièce dont nous parlerons tout à l’heure, — qui n’était alors connue dans la république des lettres que par son almanach », non-seulement s’était empressé de lui procurer le privilége nécessaire, mais l’avait recommandé à ses amis, lui avait accordé, en un mot, toute sa protection ; il avait même poussé la bienveillance jusqu’à l’affranchir de la censure.

De leur côté, « les bourgmestre et conseillers de la noble cité de Liége, en vue de protéger les arts et les sciences dans leur ville, et pour donner un encouragement public à cet homme naissant, lui accordèrent une gratification de 100 florins et le droit de bourgeoisie. »

« Tout était donc bien concerté de la part de Rousseau, dit-il lui-même ; mais une chose qui lui échappa fut de n’avoir pas assez réfléchi sur le danger