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veaux venus, ressentent plus ou moins les effets de cette intempérie littéraire, qui tend à la ruine des lettres. La plupart de ces nouveaux écrits, ivraie de la littérature, en étouffent peu à peu le bon grain ; mais on veut essayer de tout, et, sous l’air de nouveauté, sans rien de nouveau que le titre, les plus médiocres productions trouvent des lecteurs. » (Affiche de Province, 1772.)

Querlon revient encore ailleurs sur ce bon accueil fait par le public aux écrits périodiques les plus insignifiants :

« Le goût pour les journaux, pour les feuilles, pour tout ce qu’on nomme périodiques, ne paraît point se ralentir, et, loin que la satiété dans ce genre soit assez sensible pour en arrêter la multiplication, il s’en établit de nouveaux. Il en sera peut-être un jour des journaux comme des almanachs ; ils seront à peu près aussi nombreux, et sans doute non moins utiles car que seraient aujourd’hui les lettres et les arts sans cette multitude de journaux, qui pourront à la fin égaler le nombre des livres mêmes qu’ils indiquent ! On sait qu’à présent un journal est une espèce de ferme, sujette à bien des non-valeurs, mais sur laquelle il y a toujours beaucoup d’enchères, et que, si l’on y voit quelquefois moissonner des gens qui n’y ont rien semé, la récolte trompe assez souvent l’espérance du laboureur. C’est une affaire de spéculation ou de commerce et de fi-