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» C’est dans ces deux journaux que la France commença à connaître ces poésies Erses qu’on a trop élevées, sans doute, lorsqu’on les a mises en parallèle avec les poëmes d’Homère, mais qui ont porté dans la poésie un peu épuisée du Midi des images, des tableaux, des mœurs et des passions, où les talents poétiques ont pu se rajeunir comme dans un monde naissant, où ils ont pu recevoir des inspirations, lorsqu’ils n’y trouvaient pas des modèles, parce que l’analogie va bien plus loin que l’imitation. C’est là qu’on a entendu la première fois ces lamentations d’Young, qui attristent ceux qui veulent les entendre toutes, mais qui attendrissent profondément ceux qui ne prêtent leur attention aux douleurs d’Young que lorsqu’il les associe aux expressions magnifiques des créations de l’Éternel et des destructions du temps, que lorsqu’il couvre d’espérances immortelles les ravages et les débris de la terre. C’est là qu’on lut ces élégies du Couvent et du Cimetière, si parfaitement traduites en prose, et dont les larmes, recueillies par les vers de Delille, semblent sorties de son cœur. Ce fut là qu’un philosophe qu’on crut de Nuremberg, et qui était de Versailles, fit imprimer ces lettres sur les animaux et sur l’homme, où l’instinct des animaux fut mieux démêlé et mieux saisi dans tous les degrés qui l’approchent le plus de notre intelligence, et où l’on vit en même temps la raison de l’homme