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tels que vous et M. de Maupeou. » S’il fallait faire tous ces compliments-là pour avoir la permission de trouver des vers mauvais, il me semble qu’il devait moins en coûter au pape d’Argenteuil de louer les Trublet et les Durozoi qu’un lieutenant de police qui traitait les Muses comme des filles.

N’est-il pas étonnant de voir les gens de lettres, accoutumés pourtant aux sifflements de l’envie, occuper ainsi le lieutenant de police des coups d’épingles qu’ils se donnaient, et celui qui les enfonçait le plus, le Lucien de la Lorraine, être le premier à se plaindre d’un journaliste qui n’était pas malin :


Monsieur, je vous dois mille remerciements pour la bonté avec laquelle vous voulez bien vous prêter à faire, en ma faveur, un acte de justice. J’ai l’honneur de vous envoyer la réponse que j’ai cru devoir faire à M. l’abbé Remi, qui ne devait pas se permettre de traiter, dans le Mercure de France, d’ouvrage scandaleux, une comédie représentée de l’aveu du gouvernement, et qui n’a paru qu’après avoir subi toutes les formes prescrites par les lois. J’ai ouï dire que cet abbé, qui me persécute sans qu’il ait jamais eu à se plaindre de moi, avait été persécuté lui-même à l’occasion d’un éloge du chancelier de l’Hôpital. Ce serait pour lui une raison d’avoir le plus grand ménagement pour tout le monde.

Il m’est permis, Monsieur, d’être sensible aux calomnies qui se renouvellent sans cesse contre mes ouvrages. Ce sont elles qui m’ont confiné dans ma retraite, et qui m’ont écarté jusqu’à présent de toutes les grâces littéraires. Puisque vous voulez bien être touché de cette injustice et vous occuper même de la réparer, c’est remplir en quelque sorte vos vues bienfaisantes que de me permettre de me justifier. Je vous supplie donc, Monsieur,