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vait la critique, vite il se sauvait à la police. On le trouva, le 25 avril 1786, sous le manteau de M. de Crosne, à qui il disait :


Votre réputation, Monsieur, et la sagesse circonspecte qui caractérise votre administration, m’ont fait penser que vous étiez du nombre des magistrats respectables qui aiment mieux prévenir tout genre de fautes que d’avoir à punir. J’ai lieu de croire que le Journal de Paris prépare une critique amère de mon épître en vers adressée à M. de Rivarol, et publiée avec votre approbation et celle de M. le garde des sceaux. Cette critique est encore chez l’imprimeur Quillau ; et je vous serais très-obligé d’ordonner qu’elle ne soit point publiée sans de nouveaux ordres de votre part. Vous avez été témoin et juge de la circonspection avec laquelle je me suis permis de censurer des ouvrages livrés au public, et de la précaution que j’ai prise de ne nommer aucun auteur vivant. Cela seul semble mériter que vous arrêtiez la plume des journalistes, qui pourraient être moins polis et plus injustes que je ne l’ai été envers leurs protégés.


Ce n’était point assez de se venger ; il avait le même courage à se battre pour les autres. En 1785, il avait déjà tiré la plume pour son ami de Bagnol :


Monsieur, si vous avez le loisir de lire le Mercure, vous aurez vu avec quelle irrévérence M. Garat se permet de parler du discours couronné à Berlin. M. Thibaut, l’un des membres de cette académie les plus distingués, dans laquelle M. le comte de Rivarol est admis, et qui est maintenant à Paris, en est un peu scandalisé. Je crois qu’il est de votre justice d’ordonner que la satisfaction soit égale à l’injure.


M. le lieutenant général, après avoir ouï toutes les parties, fit mettre toutes les plumes dans l’écritoire.