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vateurs du bon goût, lorsque aucun motif de partialité ne l’égare et qu’il croit devoir adoucir l’humeur dénigrante qui lui est naturelle ; il traitait si rudement la plupart des écrivains soumis à sa censure que d’Alembert lui appliqua un jour, assez plaisamment, ce vers burlesque :


Gille a cela de bon, quand il frappe il assomme.


Ses remarques sont quelquefois minutieuses, quelquefois il s’étend avec trop de complaisance sur des lieux communs ; mais, en général, sa discussion annonce le véritable esprit d’analyse. Dans les morceaux qu’il soigne, sa dialectique est sûre et pressante ; à la clarté, à la précision, à la correction de son style, on reconnaît le disciple zélé de nos classiques.

En 1779, La Harpe fit une collection de ses principaux ouvrages, qu’il publia en six volumes. Il rassembla dans les deux derniers ce qui lui parut le plus curieux et le plus intéressant parmi les articles qu’il avait insérés dans le Mercure et dans le Journal de Politique et de Littérature. « On peut, dit Grimm à cette occasion, se plaindre du ton de ses critiques, on peut leur reprocher de ne porter presque jamais que sur un seul objet, sur le style, mais on ne peut leur refuser en général le mérite d’un goût sûr et sévère. Il ne se croit point obligé de faire valoir toutes les beautés de son ouvrage, et