Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/450

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’étaient associés pour se plaindre de deux ou trois lynx dont l’œil perçant avait surpris en eux des défauts mêlés à de bonnes qualités ; ils demandaient à l’éléphant


D’imposer à ces lynx un éternel silence.


L’éléphant partit d’un éclat de rire,


Et puis il ajouta : Sur moi, sur mon empire,
Je vous laisse, je crois, jaser très-librement :
Souffrez donc que sur vous j’en laisse faire autant.

..................

Soyez, si vous pouvez, admirables en tout,
Si vous voulez qu’en tout on vous admire.


Ces démêlés de La Harpe avec la critique donnèrent lieu, lors des premières représentations, si traversées, de sa Jeanne de Naples, à une scène assez curieuse que la Correspondance secrète raconte ainsi (t. XII, p. 234) :

« Le rédacteur des Petites-Affiches, l’abbé Aubert, plus vrai que le fade Journal de Paris et que les aboyeurs gagés du Mercure, qui affirment que les représentations sont très-brillantes, et cela à la face de tout un public qui crie au mensonge insigne ; cet abbé s’est amusé à indiquer les défauts de cette prétendue tragédie en se servant assez plaisamment des propres mots d’une ancienne critique de l’inexorable M. de La Harpe, tournure qui a beaucoup fait rire les nombreux ennemis que le mérite supérieur,