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d’hui non-seulement toute l’inutilité d’un pareil travail, mais encore tout ce qu’il a de dangereux et de nuisible. Il prétend surtout que c’est à cette espèce de peste de l’empire littéraire qu’il faut s’en prendre du mauvais succès de tant d’ouvrages dramatiques faits pour aller aux nues, si la canaille folliculaire leur laissait le temps de prendre l’essor, au lieu de leur arracher les ailes, pour ainsi dire, au sortir du nid paternel. Si les Brames, écoutés tranquillement le premier jour, ont été abandonnés à la seconde représentation, n’est-ce pas encore la faute de ces maudites Affiches, de ce maudit Journal de Paris ? Entraîné par la force de ces réflexions, M. de La Harpe a présenté une requête à M. le garde des sceaux pour le supplier d’ordonner à tous les faiseurs de feuilles de ne parler des nouveautés dramatiques qu’après un certain nombre de représentations ; et afin de donner à cette requête une plus grande importance, il a tâché d’abord de la faire signer par tous les gens de lettres qui travaillent dans ce moment pour le théâtre ; il a obtenu de plus qu’elle serait appuyée de la protection prépondérante de la Comédie-Française. Tant de puissants ressorts ont cependant échoué ; la requête a paru ridicule. On s’est fort égayé à la cour de l’extrême sensibilité de messieurs nos poètes. »

Le Journal de Paris se vengea de cette hostilité secrète par une fable, moitié prose, moitié vers, que