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feuilles ; mais tel écrivain que ce soit, il y a à parier qu’il ne vaudra pas son prédécesseur. Ce critique avait le goût sûr et exquis ; il maniait le sarcasme avec beaucoup de gaîte et de finesse, et, s’il n’était aussi savant, aussi profond que l’abbé Desfontaines, son prédécesseur, il avait plus de grâces et de légèreté. On ne doute pas que Voltaire et tout le parti encyclopédiste ne triomphe de cette perte pour la littérature. » Il ne dépendit pas d’eux en effet que cette feuille si incommode ne fût supprimée ; et tandis qu’ils intriguaient pour la tuer, des compétiteurs avides s’efforçaient, d’un autre côté, de s’en emparer.

Linguet, entre autres, le futur auteur des Annales politiques, aurait, dit-on, convoité la succession de Fréron. Nous ne savons ce qu’il y a de vrai dans cette assertion ; mais ce qui est plus positif, c’est qu’il fut l’un des rares défenseurs de l’Année littéraire et du jeune Fréron. Réfutant, « contre la loi générale qu’il s’était faite de ne point parler de ces petites superfétations dont notre littérature n’abonde que trop », une brochure, la Satyre des satyres, « qui n’était qu’un tissu d’injures dans le genre de celles dont M. Harpula a rempli, dans tous les temps, les feuilles où on l’a admis à travailler », et dans laquelle l’Année littéraire, et le jeune homme qui en était l’héritier, étaient indignement maltraités, il s’exprime ainsi (Annales, t. 4, p. 293.) :