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une autre occasion, aux boutades et aux espèces d’accès auxquels les gens de lettres sont sujets ; je ne m’en offense jamais parce je sais que ce sont de petits défauts inséparables de leurs talents. »

Dans une autre circonstance, répondant à l’abbé de Bernis, alors ministre, qui le pressait d’aviser à des moyens plus efficaces de censure contre l’Encyclopédie, dont chaque tome soulevait des clameurs de plus en plus violentes, il disait qu’il n’y avait guère au fond à compter sur la censure ; que des gens d’esprit, dans un ouvrage de longue haleine, viendraient toujours à bout de l’éluder. « Si j’étais lieutenant-criminel, ajoutait-il, mon métier serait d’intimider ceux qui seraient assez malheureux pour avoir affaire à moi. Je ne sais pas si j’aurais la vertu de cet état ; mais heureusement ce n’est pas le mien. Je suis chargé d’une police qui concerne les gens de lettres, les savants, les auteurs de toute espèce, éc’est-à-dire des gens que j’aime et que j’estime, avec qui j’ai toujours désiré de passer ma vie, qui font honneur à leur siècle et à leur patrie. »

Et c’est un pareil homme que les Encyclopédistes poursuivaient de leurs récriminations ! Ce n’était, nous devons le croire avec Malesherbes, que des boutades, des espèces d’accès. Nous venons de voir Voltaire revenir sur son compte à des sentiments plus équitables. Grimm, également, a rendu justice après coup à ses bons offices, et l’irascibilité de