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Les ennemis de Fréron, qui étaient cent contre un, qui disposaient en outre d’un immense crédit, mirent d’ailleurs dans leurs persécutions contre l’intrépide journaliste le plus violent acharnement. Bientôt il devint l’objet de toutes les satires, de toutes les calomnies, et si quelquefois il paraît échapper à la haine, ce n’est que par le ridicule, dont tous les amours-propres irrités s’efforçaient de le couvrir ; on sait quel déluge de prose et de vers Voltaire fit pleuvoir pendant vingt ans sur la tête de son impassible adversaire.

Nous nous bornerons à rappeler les principaux épisodes de cette longue lutte, du reste assez connue : ce sont toujours les mêmes faiblesses, les mêmes passions. Nous nous attacherons plus particulièrement à quelques incidents propres à faire ressortir l’attitude, le rôle de l’autorité, dans ces querelles qui passionnèrent si fortement les esprits.

On ne dit pas de quel camp partit l’agression ; mais la chose importe assez peu : l’égale antipathie qui animait les deux partis l’un contre l’autre ne pouvait que bien difficilement se contenir. Dès ses débuts, Fréron escarmouche contre son ennemi ; son arme favorite c’est l’ironie, et il la manie avec une rare dextérité. Nous citerons comme exemple le début et la conclusion de la critique qu’il fit du Temple de la Gloire, très-pauvre opéra composé par Voltaire à l’occasion de la victoire de