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disgrâce qui pesait sur lui, et il le savait peu scrupuleux sur les moyens de se venger de ses contradicteurs.

Fréron, d’ailleurs, devait être odieux à Voltaire à plus d’un titre. Il sortait des Jésuites, il avait été l’élève, le complice de Desfontaines, il s’annonçait comme un écrivain religieux, comme un ennemi des philosophes, et un ennemi autrement redoutable que Desfontaines. C’est plus qu’il n’en faut pour expliquer la guerre à mort qu’il lui déclara, guerre à laquelle tout le courage de Fréron n’aurait peut-être pas suffi, s’il n’eût rencontré quelques protecteurs dont l’autorité amortit la violence des coups qui lui étaient portés. Heureusement pour lui il obtint dès ses débuts les bonnes grâces et la protection de Stanislas, qui régnait alors sur la Lorraine, et, par son entremise, les bonnes grâces et la protection de la reine, sa fille. Marie Leczinska n’aimait pas les philosophes ; son père, qui avait du goût pour les gens de lettres et les savants, les eût peut-être aimés, s’il n’eût été dévot ; on sait combien Louis XV les redoutait. Un champion qui s’offrait à les combattre ne pouvait donc être que le bienvenu auprès de ces augustes personnages. Mais en obtenant la protection des deux premiers, Fréron contractait en quelque sorte l’engagement de combattre les philosophes à outrance, et, s’il ne pouvait les anéantir, tout au moins de ne leur accorder