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restée jusqu’ici inédite, avait été placée par Piron, sous le titre d’avertissement, en tête de cinquante-deux épigrammes dirigées contre l’abbé. Toutes ces épigrammes se ressentent de la facilité avec laquelle Piron les éternuait, comme il disait lui-même (Fréron en eut trente-deux pour sa part). Nous en citerons une seule, des moins mauvaises, que M. Bonhomme semble donner comme inédite, mais que j’avais lue dans un Contrôleur du Parnasse, dont je parlerai tout à l’heure :


Maigres auteurs, pour être gras à lard,
Érigez-vous en censeurs téméraires,
Et barbouillez des feuilles au hasard
D’absurdités l’une à l’autre contraires :
Très-joliment vous ferez vos affaires.
Vous essuierez quelques petits chagrins,
Serez parfois conspués, pris aux crins,
Vilipendés ; n’importe : vos bedaines
S’arrondiront, et d’abbés Pellegrins
Vous deviendrez des abbés Desfontaines[1].


L’abbé de la Porte a publié, sous le titre de l’Esprit de Desfontaines (1775, 4 vol. in-12), un recueil dont tous les morceaux sont puisés dans les feuilles de ce journaliste célèbre ; il y a dans cette compilation, classée suivant un ordre méthodique, intelligent, des pages très-remarquables. Elle est précédée d’une préface, que Quérard attribue à

  1. Desfontaines était gros comme un muid, et Pellegrin était plat comme une latte. (Note de Piron.)